Un jeune garçon, qui vivait dans le monde des minis, se sentait le maitre de son univers. Il était le plus grand, il était le plus costaud, il usait de son charme, obtenait tout ce qu’il désirait… et il le savait. Il n’hésitait pas un instant à utiliser ses pouvoirs de persuasion ni faire allusion à sa force et sa taille pour intimider les autres.
Au début, les habitants le craignaient ou l’encensaient. Cependant, au fil du temps, certains concitoyens commencèrent à observer son petit manège. Ils remarquèrent les stratagèmes qu’il employait tels que son sourire enjôleur, il semblait faire pitié et recourait même aux chantages émotifs pour ne citer que ceux-là. Petit à petit, l’information circula dans la communauté qui devint de moins en moins réceptive à ses atouts. Le garçon, Yaméo de son prénom, se trouva de plus en plus inquiet. Pour lui, l’amour qu’on lui portait se mesurait par ce qu’il était capable d’obtenir des autres, mais voilà que ses méthodes fonctionnaient de moins en moins.
Se sentant rejeté, il s’enfonça dans la forêt à la recherche d’un nouveau lieu où s’installer. La nuit tombait et il n’avait encore aucun endroit où se reposer. Comble du désespoir, il se mit à grêler et il n’avait nulle part où se protéger. Finalement, il découvrit un petit repli moelleux et s’y recroquevilla. Sans s’en rendre compte, les larmes commencèrent à couler sur ses joues. « Personne ne veut de moi », sanglota-t-il.
« Et pourquoi cela ? » tonna une voix près de son oreille. Il sursauta et chercha aux alentours. Un gros œil se présenta à lui. En essayant de reculer, Yaméo réalisa qu’il était dans une main gigantesque. L’esprit vif, il constata que cette dernière prenait soin de le protéger des grêlons. Il se calma un peu et revint à la question.
« Pourquoi ? » s’interrogea Yaméo, sans toutefois savoir quelle réponse donner, ni s’il était totalement hors de danger.
« Oui, pourquoi plus personne ne veut-il de toi ? » C’était la première fois qu’il se retrouvait devant quelqu’un de plus imposant que lui. Dans son monde, tous ceux autour de lui étaient plus petits. Que pouvait-il répondre à ce géant ?
« Pour être honnête, je n’ai pas compris ce qui s’est passé autour de moi. Les gens se sont mis à me refuser ce qu’auparavant, ils m’accordaient. »
« Et toi, que faisais-tu pour eux ? »
Yaméo réfléchit longuement et se rendit compte qu’il n’offrait rien, aucun soutien à quiconque. Il dut avouer cette triste vérité à son interlocuteur. Il se sentait vulnérable dans cette main gigantesque et comprit ce que pouvait ressentir son entourage. Après une nuit réparatrice à l’abri des aléas de la température, il fit le constat que lorsqu’on est plus grand, on a le don d’aider et de protéger. La force réside, en fait, dans le pouvoir et la capacité d’aider les autres selon leur besoin et non d’abuser d’eux.
Le garçon fit part de ses scrupules au géant. Ce dernier hocha gentiment sa tête et le ramena chez lui en quatre ou cinq enjambés alors que pour lui cela avait pris toute la journée. Il réalisa de nouveau l’apport immense qu’il pouvait procurer à son village.
Lorsqu’il arriva, le désastre, qu’avait causé la grêle, était décourageant pour les habitants. Plusieurs mois seraient nécessaires pour tout réparer. Yaméo eut besoin de deux jours. Les minis n’en revenaient pas de tout le support dont le garçon avait fait preuve. Il fut remercié à profusion, mais rien ne fut autant satisfaisant que sa propre fierté envers lui-même.
Histoire « Métaphore pour faire du bien » de La plume & l’écorce
Magnifique texte, très bien écrit et quelle belle morale. On en veut plus.